Quel bilan pour le programme national de réduction des disparités en milieu rural?

Dans son discours prononcé  à  l'occasion de la célébration du 66e anniversaire de la révolution du roi et du peuple, le souverain a mis en avant le programme national de réduction des disparités en milieu rural. Lancé en 2017, où en est-il dans ses objectifs ?

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Nous avons constamment appelé à la promotion du monde rural, en veillant à la création d’activités génératrices de revenus et d’emplois, en facilitant l’accès rapide aux services sociaux de base, en assurant le soutien nécessaire à la scolarité, en luttant contre la pauvreté et la précarité. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’ambitieux Programme national de réduction des disparités en milieu rural, auquel ont été alloués environ cinquante milliards de dirhams pour la période 2016-2022”, a déclaré le roi lors de son discours prononcé hier à l’occasion du 66e anniversaire de la révolution du roi et du peuple.

41% des objectifs réalisés

Cela fait près de quatre ans que le souverain a donné ses instructions pour le lancement  du Programme national de réduction des disparités en milieu rural (PNRD). C’était lors de la Fête du trône en 2015. Un premier bilan du programme, portant sur l’année 2018, avait été présenté en janvier dernier par Mustapha El Khalfi. Devant le parlement, et en réponse à une question du groupe parlementaire du PAM à la Chambre des représentants, le porte-parole du gouvernement a annoncé que 662 projets étaient en cours de réalisation, et que 300 autres projets étaient programmés. Selon El Khalfi, plus de 1,2 milliard de dirhams avaient été investis dans les différents chantiers.

Le 24 juillet, le chef du gouvernement présidait la Commission interministérielle permanente pour le développement de l’espace rural et des zones montagneuses. A l’occasion, il s’était félicité des “importants objectifs” réalisés. El Othmani avait notamment cité “l’entretien et l’asphaltage de 4.900 km de routes rurales (…), le désenclavement de milliers de villages dans différentes régions du Royaume, soit 41% des objectifs du programme”.

Le chef du gouvernement avait aussi affirmé qu’à fin 2018, le taux d’approvisionnement du monde rural en eau potable avait atteint 97% pour une électrification à 99,93%. Pour la période 2020-2023, Saad Eddine El Othmani  a souligné que les départements concernés superviseront les réalisations les projets de routes, d’unités de santé, d’écoles, d’électrification et d’eau potable.

Aider 12 millions de Marocains

Dans son discours de 2015, le roi avait cité une étude du ministère de l’Intérieur ayant permis l’identification de 29.000 douars et 1.272 communes souffrant d’un déficit en termes d’infrastructures et de services sociaux de base (enseignement, santé, accès à l’eau et à l’électricité, mise en place de routes rurales).

Mohammed VI avait alors fixé comme objectif au PNRD le financement d’environ 20.800 projets, dédiés à plus de 12 millions de citoyens, vivant dans plus de 24.000 douars. Le budget alloué à ce chantier est de 55,8 milliards de dirhams.

Le principal contributeur du programme est le Fonds de développement rural. Ce dernier bénéficie d’une enveloppe de 10,5 milliards de dirhams sur 7 ans, ce qui équivaut à 1,5 milliard par an. La loi de finances 2016 a placé ce fonds sous l’égide du ministère de l’Agriculture. Cette disposition avait causé des tensions entre le chef du gouvernement de l’époque, Abdelilah Benkirane, et son ministre Aziz Akhannouch.

Les autres contributeurs au financement du programme sont l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), les fonds de mise à niveau sociale et le fonds de solidarité interrégionale.

Cependant, pour promouvoir le milieu rural “les efforts de l’État ne suffisent pas”, a averti le roi dans son discours du 20 août. “L’action publique doit être renforcée par des initiatives et des projets privés, à même d’imprimer un dynamisme nouveau à l’investissement agricole, aux filières professionnelles et aux services connexes, notamment en milieu rural”, a-t-il poursuivi.