Confusion autour d'un tweet d'Ivanka Trump saluant une avancée du Maroc sur le genre

La fille et conseillère du président américain, Donald Trump, a vivement applaudi l'avancée du gouvernement marocain en matière d'égalité dans l'héritage. Sauf qu'il ne s'agit pas tout à fait de cela.

Par

AFP

Une avancée saluée, mais pas celle pensée. Sur son compte Twitter, Ivanka Trump s’est félicitée des avancées réalisées par le Maroc en matière d’égalité homme-femme sur les questions d’héritage. “Une étape importante  pour l’adoption d’amendements sur la loi sur l’héritage et nous soutenons pleinement leur pleine application ”.

Cette sortie ne fait néanmoins pas  tout à fait référence à un projet de loi aboutit ou en cours, concernant l’égalité de genre sur cette question. En réalité, la fille du président américain Donald Trump semble faire référence à la récente adoption de trois projets de loi relatifs aux terres soulalyates.

Le parlement a adopté, le 23 juillet, trois projets de loi sur ces terres collectives afin de régir à une nouvelle répartition égalitaire de l’usufruit des biens, ainsi que de leur exploitation. Ces collectivités tribales, estimées à quinze millions d’hectares sur l’ensemble du Royaume, ont fait l’objet d’un long combat de plusieurs décennies – qui ont connu un regain depuis 2017 – et menées par des femmes. L’objectif : Permettre la préservation de ces collectivités ethniques, mais aussi l’accession à l’égalité en matière de propriété.

Cette batterie de texte a notamment permis de limiter le recours aux us et aux traditions dans la gestion de l’exploitation de ces terres, et encourage à l’investissement productif de richesse  sur ces terres. .

Confusion

La confusion d’Ivanka Trump n’a pas manqué de faire réagir après avoir tout de même provoqué son lot d’incompréhension sur la toile.

Dans cette publication,  la fille et conseillère du président Trump indique également que “W-GDP continuera à soutenir les droits fonciers des femmes”. Une référence  à l’Initiative mondiale pour le développement et la prospérité des femmes (Women’s Global Development and Prosperity Initiative, W-GDP).  Un programme d’aide aux femmes chapeauté par Ivanka Trump et mis en place par le gouvernement américain en février 2019 est doté d’un budget de quelque cinquante millions de dollars alloué par l’Agence de développement américaine USAID.

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À noter que ce tweet d’Ivanka Trump n’est pas le premier du genre.  Le 10 juillet, elle s’est félicitée de l’adoption nouvelles lois en Côte-d’Ivoire visant à rééquilibrer les rapports hommes-femmes, sur les questions de mariage et de succession notamment. Sauf que dans sa publication twitter, elle a laissé sous-entendre qu’elle avait fait “poussé [sur les autorités ivoiriennes] à mettre en place des réformes cruciales visant à faire progresser les droits légaux des femmes”, lors d’un déplacement sur le continent en avril.

Pourtant, l’exécutif ivoirien avait présenté un projet de loi dans ce sens, fin mars, soit quelque temps avant la venue de la conseillère du président américain.

“Championne des femmes”, vraiment ?

Malgré des tweets qui semblent en témoigner, l’engagement féministe d’Ivanka est décrié.  En réaction à une récente tournée africaine menée par la fille du président Trump au mois d’avril, l’éditorialiste Arwa Mahdawi avait écrit:  “Elle semble véritablement se considérer comme une championne des femmes. Elle est pourtant restée silencieuse quand son père avait systématiquement attaqué les droits des femmes ».  Quelques mois avant cette tournée africaine, qui a mené la conseillère présidentielle en Éthiopie et en Côte d’Ivoire, le président Donald Trump avait qualifié certains pays africains de « pays de merde ».

Les critiques visent également l’initiative W-DGP pilotée par la fille du président américain et son budget de 50 millions de dollars.  Citée par  le Washington Post, Nancy Lee, une ancienne responsable du Trésor américain désormais membre du Center for Global Development, a reconnu que le financement initial de 50 millions de dollars octroyé par le gouvernement était effectivement “très réduit”. Elle espère néanmoins qu’il s’agira d’une première base de travail: “le plus important est d’intégrer fermement l’autonomisation des femmes dans les programmes de toutes les agences censées travailler ensemble dans le cadre de cette initiative”.