Mauritanie : arrestations et coupures d'Internet après les présidentielles

Suite au premier tour des élections présidentielles en Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, le candidat du pouvoir, a été proclamé vainqueur par la Commission avec 52% des voix. Alors que l’opposition rejette le vote, le gouvernement a procédé à des blocages d’Internet et à une centaine d’arrestations.

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Mohamed Ould Ghazouani, président de la Mauritanie depuis août 2019. Crédit: AFP

Mohamed Ould Ghazouani, 62 ans, a été élu avec 52% des voix le dimanche 23 juin selon la Commission électorale de Mauritanie, quelques heures après s’être proclamé vainqueur devant ses sympathisants, alors que 20% des bulletins restaient à dépouiller.

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Selon les résultats de la Commission, Ould Ghazouani arrive en tête devant le militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (18,58%), l’ex-Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%) et le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71%). Chacun rejette l’élection et fait bloc pour l’organisation d’un second tour le 6 juillet. Les candidats d’oppositions ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel. Ce dernier doit encore valider le chiffre de 52%. 

Dans une déclaration commune, l’opposition juge inévitable” un second tour. Les quatre candidats réclament la remise en liberté de la centaine de personnes arrêtées à la suite d’incidents dimanche entre manifestants et policiers dans la capitale et à Nouadhibou. Les opposants accusent le gouvernement de provoquer les différentes communautés et d’encourager les violences postélectorales, et cherchent la désescalade. J’appelle tous les Mauritaniens, en particulier ceux qui me suivent, à faire preuve de retenue et à respecter la loi et la tranquillité, ainsi que la sécurité des personnes et des biens”, a déclaré M. Ould Abeid, le candidat antiesclavagiste, arrivé second avec 18,58% des voix du pays de 4 millions d’habitants. En quittant le Conseil constitutionnel, il a déclaré exiger l’annulation de l’élection et la reprise intégrale du vote”.

Arrestations et coupures d’Internet

Lundi soir, des heurts ont éclaté entre policiers et militants de l’opposition aux abords du siège des partis de M. Ould Abeid et Kane, où la police a effectué une descente musclée, selon l’opposition. Le lendemain, le Premier ministre annonçait l’arrestation d’une centaine d’étrangers”. Le ministre de l’Intérieur, Ahmedou Ould Abdallah, justifie ces arrestations par la crainte d’un plan de déstabilisation du pays et d’une présence de ressortissants des pays alentours dans les manifestations en relation avec certains” candidats d’oppositions, qu’il ne nomme pas. Nous avons arrêté une centaine d’étrangers dont on ne peut expliquer la présence dans la contestation d’une élection dans un pays qui n’est pas le leur, expliquait-il.

Selon des journalistes de l’AFP présents dans le pays, l’Internet mobile a été coupé dimanche après-midi, et l’accès aux réseaux sociaux et aux mails est bloqué depuis mardi après-midi. Cette interruption “jette le discrédit sur le processus électoral en cours et envoie un très mauvais signal pour la liberté d’information en Mauritanie”, selon RSF. Interrogé à ce sujet par les journalistes, l’actuel ministre de l’Intérieur leur a demandé s’ils n’avaient “pas d’autres moyens pour travailler ?”.

Selon Mohamed Fall Ould Oumeir, directeur du journal La Tribune en Mauritanie, l’arrêt d’Internet est une mesure de précaution pour éviter les violences : ce n’est pas la première fois que ça arrive et c’est provoqué par une diffusion à large échelle de fake news, comme des rumeurs d’assassinats dans certaines communautés”Le journaliste souligne que les élections se sont assez bien passées” et que les candidats n’ont pour le moment pas de preuves” pour soutenir la thèse d’un scrutin invalide.

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Le président élu, Mohamed Ould Ghazouani, 62 ans, a fait campagne en promettant de poursuivre les avancées économiques et sécuritaires réalisées sous la présidence de son prédécesseur et partenaire de longue date, Mohamed Ould Abdelaziz.

Avec agences